NOTES

 

Hugo noircit beaucoup le tableau que sa documentation dessine. Villemain, par exemple: « La réputation de Shakespeare a surtout grandi dans les deux siècles qui suivirent sa mort; et c'est pendant cette période que l'admiration pour son génie est devenue, pour ainsi dire, un culte national. Mais, dans son siècle même, sa perte avait été vivement ressentie et honorée des plus éclatants témoignages de respect et d'enthousiasme. Ben Jonson, son faible rival, lui rendit hommage dans des vers où il le compare aux Eschyle, aux Sophocle, aux Euripide [...]. » Quoique tardive, poursuit Villemain, la publication des oeuvres complètes atteste de cette ferveur et leur dédicace aux comtes de Pembroke, lord chambellan, et de Montgommery, gentilhomme de la chambre, prouve que Shakespeare avait été en faveur à la cour. « Et quoique, dans le milieu du dix-septième siècle, l'intolérance puritaine et la guerre civile, en proscrivant les jeux du théâtre, aient interrompu cette tradition perpétuelle d'une gloire adoptée par l'Angleterre, on en retrouve partout le souvenir. » Suit, en preuve, un texte de Milton développant l'idée de l'inutilité d'un monument commémoratif pour ce « fils chéri de la mémoire, grand héritier de la renommée», idée qu'on retrouvera ici dans la Conclusion. (Villemain, ouvrage cité, p. 37-38 et 47-48.)